Manager la rentrée : viser juste

À la rentrée, l’énergie est là.
Après une pause estivale, les corps sont reposés et les esprits un peu plus légers.

Et avec la reprise arrive souvent une envie d’avancer, de remettre du rythme et de relancer les projets mis en pause.

Mais dans beaucoup d’équipes, cette énergie est rapidement engloutie. Aspirée par les urgences qui ressurgissent, les mails non traités, les réunions qui s’enchaînent, les nouveaux objectifs à intégrer et les comptes à rendre. On se remet à « plein gaz » au risque de désintégrer les bonnes volontés en un rien de temps.

Car ce n’est pas l’énergie qui manque à la rentrée. C’est le discernement sur ce qu’on veut vraiment activer pour capitaliser au mieux sur cet élan post vacances.

 

Dans la plupart des environnements de travail, septembre agit comme un second « 1er janvier ». On se projette, on veut bien faire et on remet les compteurs à zéro.
Mais à la différence du mois de janvier, il reste peu de temps. Quatre mois tout au plus pour « boucler », ajuster et finaliser. L’atterrissage de fin d’année commence maintenant.

Dans ce contexte, le rôle du manager est déterminant.
Pas pour relancer à tout prix. Mais pour canaliser l’énergie disponible. Pour orienter, clarifier et prioriser.

 

Le risque est connu : vouloir rattraper le temps.
L’été a ralenti les projets, reporté certaines décisions, gelé des arbitrages. Alors on réactive tout en même temps.
On surcharge les agendas. On programme sans relecture. Et très vite, les équipes passent d’un état reposé à un état de tension.

On a envie de produire. Mais à force de vouloir tout relancer d’un bloc, on finit par diluer les intentions. On redevient réactif. Et on perd ce que la coupure avait permis de retrouver : un peu de hauteur.

 

La rentrée n’exige pas d’aller vite mais de choisir avec soin ce qu’on veut activer.
Et pour cela, il faut prendre un temps que beaucoup de managers négligent : reposer le cadre.

Pas un cadre rigide ou descendant. Mais un cadre partagé et ajusté à ce que l’équipe est devenue et pas seulement à ce qu’elle était avant les vacances.

Le retour de congés est le moment idéal pour :

  • Reformuler les objectifs avec clarté ;

  • Relire les priorités à la lumière des évolutions de l’été ;

  • Rouvrir des questions mises de côté avant les congés ;

  • Réinterroger certains automatismes de fonctionnement.

C’est un moment stratégique pour assurer son atterrissage de fin d’année.

Reposer un cadre, c’est aussi donner un nouveau souffle à l’équipe pour repartir sur des bases claires, où l’on peut projeter ce dernier trimestre sans flou ni surcharge. C’est dans ce souffle que peut se construire une vraie dynamique de reprise.

 

Le manager qui s’autorise ce temps de discernement envoie un message clair :
« Mon rôle n’est pas d’ajouter des choses à faire. C’est de créer un cadre utile pour bien les faire. »
Et cela change la perception du leadership. On ne subit plus la reprise. On la pense, on la co-construit et on la porte collectivement.

Prendre ce temps est nécessaire puisqu’il conditionne les réussites pour les mois à venir.
Car ce que l’on n’aligne pas en septembre, il sera très difficile de le corriger en novembre.

 

L’enjeu de la rentrée est de viser juste et de faire ce qui compte avec une équipe qui sait où elle va, engagée et disponible.

Cela suppose du discernement. Et le discernement, contrairement à l’énergie, ne se décrète pas. Il se cultive.
Dans le recul qui précède la relance, dans l’écoute de ce qui a changé et dans la priorisation des actions à mener.

Manager la rentrée, c’est justement cela : tenir l’énergie, sans l’épuiser. Et viser juste, pour pouvoir atterrir juste.

Image: Yanne Kintgen “Fuite du temps”

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